Souvenirs de la Saint-Nicolas
Quand j'étais petite, nous fêtions toujours la Saint-Nicolas. Un 6 décembre, alors que j'avais environ quatre ans, Saint-Nicolas vint même à la maison. Ce jour-là, j'avais invité des petits amis à goûter. Soudain, on frappa à la porte et un personnage à longue barbe, tout vêtu de blanc, fit son apparition, demandant à parler aux enfants de cette maison. Frappés de stupeur, nous l'entendîmes nous expliquer qu'il était venu donner des cadeaux à ceux d'entre-nous qui avaient été bien sages, mais seulement des carottes, et peut-être même un fouet, à ceux qui ne l'avaient pas été. Quelle inquiétude pour moi qui multipliais les bêtises ! Mais Saint-Nicolas devait être indulgent et nous distribua à tous des friandises et un petit jouet...
Par la suite, il ne se montra plus jamais, mais il ne manquait pas de déposer quelques menues surprises, le 6 décembre au matin, derrière la porte close de ma chambre. Je me souviens comme si c'était hier des présents que je reçus l'année de mes six ans. Ce matin-là, je m'éveillai avec un frisson d'excitation. Vite, vite, j’allai ouvrir la porte de ma chambre et restai muette d'extase devant une petite botte rouge emplie de friandises et un livre illustré merveilleux, qui me fit découvrir la terrifiante histoire de Hansel et Gretel !
Il y était question d'une maisonnette bâtie en pain d'épices, dont les volets étaient en chocolat et les carreaux en sucre, mais aussi d'un petit garçon en cage, qu'une hideuse sorcière engraissait dans le but d'en faire ensuite son festin... Heureusement, le petit garçon avait plus d'un tour dans son sac et tendait chaque jour à travers les barreaux un os maigrelet pour tromper la sorcière, qui venait vérifier si sa proie était suffisamment dodue. Quant à la petite fille, elle était si courageuse, si pleine de force, qu'à l'ultime moment elle réussissait à pousser l'affreuse vieille dans le brasier du four et à claquer la porte sur elle !
Réfugiée dans mon lit, je lus d’une traite la fascinante histoire. Frissonnante encore, de peur autant que de convoitise, j'abritai mes pieds glacés sous mon édredon bleu et je léchai consciencieusement mes friandises tout en reprenant le livre à la première page.